Turbo Niglo – Cinéma Forain

Originaires de Toulouse, Turbo Niglo est composé de 2 musiciens, Sami et Mike, qui, au travers de visuels très colorés nous embarquent dans un jazz moderne manouche mélangeant musique traditionnelle, électronique et classique, nous rappelant les BO de films français. Ce « Power Manouche », comme ils aiment l’appeler, est un mix intéressant de diverses influences musicales. J’avoue que ce type de musique n’étant pas ce que j’écoute d’habitude, je vais tenter d’apporter un regard objectif et honnête sur cette musique qui s’adresse, comme tous les styles moins mainstream, qu’à des connaisseurs ou une partie de l’auditoire qui sait exactement ce qu’il va écouter.

Ce Power Manouche donc, est un Jazz Rock Electro, et justement ce sont les parties « rock » et « electro » qui m’ont le plus permis d’accrocher à certains morceaux, comme par exemple « Course Poursuite à Barbès », qui, lorsque le rythme s’intensifie, ou encore «  Norbert » me firent penser furtivement à certains morceaux de nos français de Birdy Nam Nam (qui ont 2 morceaux qui s’appellent Abbesses et Bonne Nouvelle, deux autres stations de métro parisien).

Le groupe a vu le jour à l’occasion d’un voyage dans les Balkans. De Venise à Belgrade, de ville en ville, de rencontres musicales en rencontres humaines, les trois amis toulousains tissent des liens, enrichissent leurs compositions et font évoluer le projet pour aujourd’hui proposer un spectacle abouti et unique. Après deux albums, « Grand Tourisme » en 2008 et « L’Alboum » en 2010 et de nombreux concerts allant du plus petit bar du fin fond de la Bretagne à de grands festivals (festival Pamparina, Welcome in Tziganie, Les nuits de la Roulotte, Kioskamusik…) en passant par la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, Turbo Niglo s’est fait un nom dans la ville rose.

Avis personnel

Afin de définir un peu ce qui m’attendait, j’ai demandé à Sami de me faire parvenir une copie de leur EP, et ainsi me permettre de me projeter un peu plus dans leur univers. Car l’univers d’un groupe, au delà de la musique, passe également par l’environnement graphique. La pochette est une représentation multi ethnique d’un café parisien (je suppose), où l’on voit deux personnages centraux (Sami et Mike, qui sait ?) jouer à un jeu assez étrange, puisqu’ils se mettent au défi du bras de fer, tandis qu’un des deux tente de verser du café dans la tasse de l’autre. une manière de relever le niveau de difficulté ? Et puis, quand on y regarde de plus près, on se rend compte que la scène est totalement délirante : de la mama africaine qui s’exclame, à l’ado aux cheveux bleus scotchée sur son smartphone, en passant à la jeune fille en bikini et au groupe de musique en arrière plan, on comprend rapidement que si la pochette est ainsi, la musique sera tout autant décalée, mixant surement des influences différentes : world music, électro, rock, classique et foraine.

Titres Phares : Course Poursuite à Barbès, Muse, Norbert

Note : star star star star_border star_border

Première Ecoute de Cinéma Forain

A première écoute, j’ai été assez surpris, car j’aime écouter les albums dans l’ordre de classement des chansons, puisque le groupe l’a imaginé ainsi : il y a souvent une cohérence, une logique dans cet ordre, surtout pour les concepts albums. Et je dois avouer que l’ouverture m’a étonné, puisqu’il ne s’agit pas spécifiquement d’une entame musicale. Ainsi, je me suis encore plus demandé ce qui m’attendait.

Quand on est pas habitué à ce style musical, on y perd son latin ! On a a priori l’impression de se retrouver dans une roulotte tzigane, et qu’une voyante va nous tirer les cartes. Et puis, d’un coup, on se retrouve dans un festival électro. Impossible de se repérer ! Il faut donc s’arrêter, et prendre le temps d’écouter cet album improbable, reflétant ce que la France et Toulouse en particulier peut nous apporter musicalement parlant, et faire parler sa créativité et son unicité.

Analyse de cet album hors du commun.




ElectroJazzManouche

A la Une

En bref…

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Le chroniqueur

Infos sur l'album - Track Listing

  1. Ouverture (1″32) >>> Lire la chronique de ce morceau
  2. Muse (4″03) >>> Lire la chronique de ce morceau
  3. Course Poursuite à Barbès (6″46) >>> Lire la chronique de ce morceau
  4. Marguerite (7″14) >>> Lire la chronique de ce morceau
  5. Boloko (1″15) >>> Lire la chronique de ce morceau
  6. Norbert (5″09) >>> Lire la chronique de ce morceau
  7. Invité Vedette (7″09) >>> Lire la chronique de ce morceau
  8. Transition (0″24)
  9. Piste Cachée (3″00) >>> Lire la chronique de ce morceau

Date de sortie : 01/12/2018

Label : Indépendant

Producteur :

Track by Track

#1 – Ouverture
Ce morceau n’est pas une réelle introduction musicale : hormis la guitare manouche en fond, très légère, on entend surtout des verres qui s’entrechoquent, des discussions, bref, l’ambiance d’un petit restaurant parisien, tel que représenté sur la pochette de l’album : un moyen de faire le lien entre l’ambiance musicale et graphique ? Je pense, et je vais attendre le second morceau pour m’en assurer.

#2 – Muse

Et quand je disais qu’il était important d’écouter les morceaux dans l’ordre choisi par le groupe, en voici la preuve. La mélodie jazz manouche qu’on entendait en fond du morceau précédent est en fait la mélodie principale du morceau Muse. Une mélodie qui s’envole, très lancinante, qui, même si l’on n’est pas adepte de ce style, reste assez facilement en tête. L’ambiance est vraiment axé sur cette mélodie à la guitare, les autres instruments étant vraiment là en support et accompagnement léger. A 1’25, un changement d’univers s’opère, laissant place à des couleurs plus chaudes, et une sonorité plus électrique. Un solo de guitare, très mélodique est engagé, et apporte un peu plus de rythme à la chanson, qui, a 2’, repart sur la méodie principale, mais cette fois à l’électrique, avec une guitare acoustique plus endiablée, mais très nuancée, très en retrait. Un morceau typiquement jazz manouche, qui nous réserve une surprise sur la fin : alors que l’on pense la chanson terminée, elle repart sur une outre très électrique et assez barrée. La fin reprend la mélodie classique, avec un fond d’orgue de barbarie, qui nous rappelle ces ambiances foraines et manouches. Morceau très intéressant, aux influences, je trouve, très tziganes.

#3 – Course Poursuite à Barbès

Je pense l’un de mes morceaux préférés. L’intro déjà, électronique, entre plus dans le registre musical que je peux écouter. La batterie, elle, reste jazzy, avec des nuances à la ride en syncope, sur rythme ternaire. Typique jazz. La suite de la chanson le reste de toute manière, avec cette batterie de bar jazz, et une guitare mélodique enchainant les solos, accompagnée par une guitare acoustique simple mais efficace. Puis, à 2’45, je pense que les musiciens ont abusé d’alcool fort ou ont eu trop chaud, mais le rythme s’accélère, changeant du tout au tout l’ambiance musicale de la chanson. Parti sur un tempo plus élevé, on enchaine les solos électriques, rythmée par une batterie robotique. Mais comme rien n’est prévisible avec Turbo Niglo apparemment, un second changement s’opère vers 3’45 (oui, la chanson fait 6’45), reprenant un rythme plus calme, comme au commencement. Mais cela n’est que pour repartir du plus belle, pour une outro paniquante, endiablée, et imprévisible : est-ce là comment Turbo Niglo se représente une course poursuite ? En tout cas, j’y crois personnellement ! Et que dire de la fin qui, sur des ambiances électro, nous emmènent dans un univers très electro des années 1980, qui connait un succès grandissant depuis les années 2010 (le synth wave, ou retrowave).

#4 – Marguerite

Si vous ne voyez pas ce que l’on entend par Jazz manouche, et a fortiori par Power Manouche, je vous invite à écouter ce morceau : guitare très alambiquée, batterie jazzy
, accompagnements classique, voir gipsy, et électro (beaucoup de sampling) : encore ici, certaines ambiances font penser à Birdy Nam Nam cités plus haut. La chanson, de 7’15, est un concentré de musique manouche vive et rythmée, voire parfois hispanisante : on imaginerait volontiers une danseuse espagnole venir jouer des castagnettes sur ce morceau, tout en dansant sur un parquet luisant. Ceci était pour la première partie de la chanson : la seconde partie de la chanson est relancé par un cuivre (j’ai du mal à identifier ledit instrument), qui fait beaucoup penser à des musique de cirque. Accompagné par une guitare mélodique assez triste, voire inquiétante, cette seconde partie tranche allègrement avec la première beaucoup plus joyeuse. Celle-ci ferait même penser à des funérailles, surtout avec l’ensemble de cuivres sur la fin de la partie. A partir de 5’, l’outro se veut de nouveau entrainante et joyeuse, tout comme au début. L’intégration de simples électroniques issus de jeux vidéos 8bits apportent même du piquant à l’ensemble de la composition. Un morceau intéressant, autant par sa construction que par son travail de détails par les arrangements mais également par l’utilisation d’instruments et d’éléments musicaux, qui, de primabord, n’ont rien à voir entre eux.

#5 – Boloko

Une simple transition sur base d’ambiances naturelles et de discussions de dialecte africain (n’étant pas expert en la matière j’espère n’offenser personne par cette analyse). La fin est une sorte de discussion à la belle étoile, avec quelques incrustations électroniques étranges.

#6 – Norbert

Cette chanson, même si l’on reste dans le thème manouche, me fait penser à ce que l’on peut trouver dans certaines compositions asiatiques, en particulier japonaises. A entendre le morceau, je le verrai bien en BO d’un RPG de type Final Fantasy, ou en musique d’ambiance de Shojo (anime / manga pour filles). La seconde partie, beaucoup plus électronique, me fait cependant penser à ce que l’on trouve assez en ce moment chez de nombreux groupes (Carpenter Brut, Gunship, Kavinsky, Perturbator) ou dans de nombreuses séries (Stranger Things, par exemple) : le synth wave. A partir de 2’40, on repart sur une ambiance très manouche, mais avec ces ambiances électro très atypiques. La guitare lead se lance dans une mélodie très stridente qui se marie à perfection avec les nappes électroniques. L’outro est un mix d’influences différentes, assez difficile à cerner. Autant le passage années 1980 et le début m’ont interpelés, autant la fin me laisse indifférent.

#7 – Invité vedette

Encore une chanson longue, puisque nous avons ici un morceau de 7 minutes. L’intro est entièrement électro avant que la guitare lead n’entre en jeu, avec une mélodie endiablée, enchainant les notes telles un virtuose sur son piano. Comme pour les autres morceaux, la guitare rythmique accompagne par des accords simples, répétitifs, mais qui font leur effet. La batterie reste elle aussi linéaire, afin de mettre l’accent sur la guitare lead. Comme on l’entend souvent, ces deux instruments ne sont là que pour accompagner la guitare lead qui est le centre d’attention. La chanson entière est sur le même principe, il suffit de profiter pendant 3’30 des prouesses musicales de Sami, et rien d’autre. Pourquoi que 3’30 alors que le morceau fait 7 minutes ? Tout simplement parce qu’à ce moment, un tournant musical s’opère, et on reprend cette ambiance synthé électro pour terminer le morceau, et ainsi vous emporter dans un autre univers. Autant le début me paraissait répétitif, autant la fin m’a vraiment interpelé, et j’aime beaucoup cette recherche musicale. L’outro du morceau reprend le lead principal de guitare, puis l’ambiance principale de la partie électro, afin de boucler la boucle.

#8 – Transition

#9 – Piste Cachée

Que dire de cette piste ? Sincèrement, si Turbo Niglo m’accorde un moment pour m’expliquer, je serai ravi ! Amis mélomanes, je vous laisse découvrir ce morceau par vous même :p

Conclusion

Très difficile pour moi de rédiger une conclusion objective, n’étant clairement pas l’auditeur parfait de ce style. Mais comme je reste amateur de musique dans sa globalité, j’ai quand même apprécié beaucoup de choses dans cet album, qui reste bien produit, bien construit, et finalement la preuve que l’on peut faire de la bonne musique, originale et intéressante en France.

Tout d’abord, l’album et ses chansons racontent une histoire, et les principes de concept-album me plaisent. La recherche graphique comme musicale est à souligner, et c’est ce que j’apprécie chez les artistes. Le style manouche est agréable, et reflète grandement la qualité des musiciens, tandis que l’électro m’incite à écouter encore plus en détail. L’enchainement des styles m’a permis d’accrocher sur certaines chansons comme Course Poursuite à Barbès ou Invité Vedette, pour, au final, apprécier l’album dans son ensemble.

Finalement, même si ce style n’est définitivement pas celui que j’écoute au quotidien, Cinéma Forain est un très bon album, musicalement intéressant et reflétant la qualité de ces deux musiciens, dont la complicité flagrante fait plaisir à voir / entendre. Cet album s’adresse aux fans de jazz manouche plus moderne, et je suis sur qu’il permettra aux fans du style de se faire plaisir, et à Turbo Niglo de se faire un nom sur la scène musicale française.

 

Crédits Photo : Yenouandré photographie

Discographie

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