Within Temptation – Resist

Avis personnel

Oh que de surprise et de nostalgie en découvrant ce nouvel album de Within Temptation ! Je parle ici de nostalgie car lorsque j’ai découvert « Mother Earth », deux ans après sa réédition en 2003 chez Gun Records, j’avais 12 ans. Mon voisin m’en avait fait une copie et il passait en boucle dans mon lecteur CD.

« Mother Earth » se trouve être le 2ème album du groupe néerlandais, sorti 4 ans après « Enter », un premier album prometteur. Si ce 2ème opus a bénéficié d’une réédition sous un nouveau label c’est parce qu’il a été celui qui a propulsé la carrière de Within Temptation en Europe mais également à l’internationale.

Pour ma part, ce coup de cœur a duré jusqu’au 4ème album du groupe, « The Heart of Everything » (2007) après lequel les néerlandais ont sorti plusieurs CD et DVD live (« Black Symphony » en 2008 et « An Acoustic Night at Theatre » en 2009). Au moment de la sortie de « The Unforgiving » en 2011, j’étais déjà passée à d’autres styles musicaux…  Depuis j’ignorais que le groupe était encore actif.

J’ai donc pris le temps de rattraper mon retard avant de me lancer dans une critique de leur 7ème opus et j’ai bien fait ! Car le style de Within Temptation a évolué avec les années et les tendances. Au fur et à mesure leur metal symphonique ou « rock gothique » comme le définissait la chanteuse Sharon den Adel, porté par les chœurs, orchestres et flûtes celtiques, a laissé plus de place aux guitares metal et aux sons des synthés et percussions électronique. On découvre aussi une Sharon den Adel plus chanteuse metal à voix claire et puissante que soprane d’Opéra.

Ce cheminement nous conduisant à « Resist », sorti sur la plupart des plateformes de streaming musical le premier février 2019 sous un nouveau label, Vertigo Records, filiale rock d’Universal Music.

Graphiquement, la pochette de l’album dégage une ambiance assez sombre, présentant un homme, debout sur le toit d’un immeuble, tenant dans sa main un petit objet émettant de la lumière. Il y pleut, l’homme a un look de Dracula futuriste et la palette de couleurs explore les cinquante nuances de gris. On notera qu’il s’agit entièrement d’une illustration réalisée numériquement et qu’on peut facilement imaginer tirée d’un jeu-vidéo post-apocalyptique. Ce choix de visuel rappelle que Within Temptation était déjà proche de la pop culture avec le concept-album « The Unforgiving » qui a accompagné une série de bandes-dessinées.

En se fiant à la pochette de l’album, on s’attend à une ambiance musicale assez sombre mais ayant la volonté de transmettre un message d’espoir (cf. le petit objet lumineux), une impression qui se révèle qu’à moitié vraie puisque les morceaux de « Resist » se révèlent être plus épiques les uns que les autres avec effectivement des paroles encourageant l’auditeur à la résistance, au combat pour son bonheur et à l’amour.

 Titres phares : The Reckoning, Raise Your Banner, Supernova

Note :

Première écoute de "Resist"

J’avoue que je n’étais pas sereine à l’idée d’écouter un nouvel album de Within Temptation alors que ça fait bien longtemps que je n’écoute plus ce groupe et plus généralement ce style de musique. J’avais peur de « subir » en quelques sortes ce metal symphonique aux sonorités celtiques que j’ai tendance à trouver has been en 2019, mais ma part de nostalgie était très curieuse de découvrir si ce groupe sonne toujours pareil ou s’il a su se renouveler pour le meilleur, ou pour le pire.

Les premières notes de cor de chasse ne me dépaysent pas des souvenirs que j’avais de ce groupe puis soudain… cri bien gras et gros break de batterie/guitares/basse qui me propulsent dans les morceaux de metalcore que je chéris tant. « Wow » je me dis alors que l’intro continue de jouer dans mon casque. En fait « wow » est l’onomatopée qui correspond le mieux à mon impression concernant cet album : je ne m’attendais absolument pas à ça, et dans le bon sens du terme. Honnêtement si on me faisait écouter l’une des chansons de cet album, n’importe laquelle, mais surtout la première, j’aurais difficilement deviné qu’il s’agissait de Within Temptation.

Cet album est très moderne, cohérent, vivant. Les featurings sur trois des titres apportent de la diversité à l’album, en sachant qu’habituellement Sharon den Adel chante seule. Sans mentionner qu’ils ont certainement permis d’élargir l’auditoire du groupe via les fans de Papa Roach et de In Flames, tous deux des groupes emblématiques, nés à peu près à la même époque que Within Temptation.

MetalMetal Symphonique

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En bref…

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Le chroniqueur

Infos sur l'album - Track Listing

  1. The Reckoning feat. Jacoby Shaddix (4’’11)
  2. Endless War (4’’09)
  3. Raise Your Banner feat. Anders Friden (5’’34)
  4. Supernova (5’’36)
  5. Holy Ground (4’’10)
  6. In Vain (4’’24)
  7. Firelight feat. Jasper Steverlinck (4’’46)
  8. Mad World (4’’57)
  9. Mercy Mirror (3’’49)
  10. Trophy Hunter (5’’51)

Date de sortie : 01/02/2019

Label : Vertigo Records

Producteur : Daniel Gibson

Track by Track

#1 – The Reckoning

L’intro au cor de chasse, épique, ravive immédiatement mes souvenirs de Within Temptation. Je m’attends à ce que ça parte en vocalises et mélodies celtiques, mais en fait… BIM ! Scream de Jacoby Shaddix accompagné de trois accords lourds et graves de la trinité bass-bat-guitare. Ok, je m’attendais pas du tout à ça et ça déchire ! L’intro continue puis Sharon den Adel entre en scène sur un accompagnement plus tranquille entre percussions et accords de piano. Rapidement arrive le refrain chanté par den Adel et Jacoby Shaddix dont le début reprend le thème joué par le cor de chasse, puis le duo s’énerve, on retrouve tous les instruments avec la batterie en double pédale pour finir sur une reprise de l’intro avec un scream du chanteur et les trois accords stylés qui l’accompagnent, ainsi que la reprise, en version plus énervée, de la première partie du refrain. Celui-ci se termine brutalement pour laisser place au second couplet, chanté cette fois par Jacoby Shaddix, deuxième refrain à la suite duquel arrive un pont, modulé dans une tonalité plus aigue afin de permettre à Sharon den Adel de faire une petite envolée lyrique. Courte pause instrumentale, début du refrain, on sent que c’est le calme avant la tempête et que le morceau va repartir de plus belle et on n’est pas déçu car le pont continu tout en scream du chanteur de Papa Roach, accords graves et wobbles vénérs pour finir sur un dernier début de refrain.

J’ai adoré cette chanson ! Pour moi c’est le morceau parfait pour donner envie de découvrir la suite ! Le seul petit bémol que je mettrais serait pour l’utilisation de wobbles… Musicalement ça rend très bien, mais ce côté « détail dubstep dans musique metal » me semble un peu has-been.

#2 – Endless War

Le morceau commence tout en douceur sur le refrain puis enchaîne sur un passage instrumental épique, accompagné par des vocalises de Sharon den Laden. L’ambiance de cette deuxième chanson reste totalement cohérente avec la précédente, on retrouve une mélodie épique pour le refrain, des accords metal lourds et graves et quelques touches d’effets electro par ci-par là. J’ai quand même trouvé la manière de chanter bizarre… très « chanteuse pop à la mode », notamment sur le refrain où Sharon chante ses paroles avec des intonations reggae (« ’cause ya fighting […] »). Mis à part ça, on reconnait Within Temptation dans ce morceau avec l’intervention de choeurs et les envolées lyriques. Peu avant la fin du morceau, on entend une voix qui annonce un enclenchement de « self-destruction », on ne sait pas s’il s’agit d’un vaisseau extraterrestre ou de la Terre elle-même , mais cette intervention est intéressante car elle nous renvoie à la pochette de l’album et son design post-apocalyptique.

#3 – Raise Your Banner

Ah ma deuxième préférée de cet album ! Ce deuxième featuring, avec le chanteur d’In Flames cette fois, est aussi réussi que le premier ! Au premières notes le groupe installe une ambiance un peu mystique, un peu sombre, on entend Anders Friden screamer un « Blood for freedom » guerrier et c’est parti pour une intro épique à coup de violons et choeurs. On imagine d’ailleurs facilement une scène de bataille à la Seigneur des Anneaux à l’écoute de ce morceau dont la rythmique de batterie rappelle les tambours de guerre, le scream de Anders Friden un cri d’encouragement et le titre, « Hisse ta bannière », parle pour lui-même. Sharon den Adel entame le couplet seule sur cette rythmique de tambour puis le chanteur la rejoint sur le refrain, contrairement à « The Reckoning » il n’aura pas de couplet tout seul. On enchaine donc avec un second couplet, un refrain ponctué de « Blood for freedom ! » bien efficaces, jusqu’un solo/duo de guitares à la Dream Theater à 3:30. Le solo se termine par un petit interlude au violon puis repart avec une reprise du refrain et une outro lyrique signature de Sharon den Adel.

#4 – Supernova

Et de 3 dans mon top 3 ! Super intro au synthé qui fait penser à un générique de film futuriste (ou peut-être que j’ai trop écouté la B.O de Tron : Legacy…). Cette chanson est un peu plus rythmée que d’autres dans cet album et donne tout de suite envie de hocher la tête et taper du pied. La construction de ce morceau est la même que les précédente : couplet tranquille, refrain épique, chœurs, quelques envolées lyriques, pont (particulièrement stylé) mais l’accent est plus mis ici sur le synthé que sur les guitares et ça marche plutôt bien !

#5 – Holy Ground

Mon avis sur cette chanson est franchement mitigé. Dans l’absolu elle s’écoute bien même si ce n’est pas le meilleur morceau de cet album. Mais ce qui me gêne c’est la rythmique du couplet avec ses percus R’n’B et la manière de chanter de Sharon den Adel, on est quand même pas loin de la reprise des codes de la musique pop avec le « I told ya that I hate ya » et le petit « Holy ground yeah ! » de cheerleader avant le deuxième refrain. J’écoute de tout, vraiment, mais ma psychorigidité aime bien qu’un groupe reste cohérent par rapport à son style et ici j’ai l’impression d’écouter une reprise metal d’un morceau de pop de Taylor Swift. Mis à part ça, Holy Ground reste bien produit, bien construit (intro, couplet, refrain, couplet 2, refrain, interlude musical, refrain) avec un refrain entrainant qui reste en tête.



#6 – In Vain

Début de chanson plus tranquille que les précédentes qui avaient plutôt des intros épiques, In Vain ne représente pas pour moi un titre particulièrement marquant, même s’il a eu droit à un clip. Je ne dis pas qu’il est mauvais, loin de là, mais il n’agit pas du son que j’aurais le plus envie de me passer en boucle. Le fait qu’il sonne plus rock que metal le rend plus accessible au grand public, d’où l’intérêt d’en faire un clip afin de donner de la visibilité au groupe et à ce nouvel album. On reste sur un couplet doux avec une mise en avant de la batterie et un refrain plus rock avec une super mélodie. Après deux couplets et deux refrains, on retrouve un pont, un nouveau refrain presque a cappella, puis un dernier refrain et une outro qui calme le jeu avec quelques accords de piano et la répétition en boucle du titre du morceau.

#7 – Firelight

Troisième et dernier featuring de l’album avec Jasper Steverlinck, chanteur du groupe belge Arid. Je ne sais pas vous, mais personnellement ce groupe ne me disait rien du tout… Ceci étant, Jasper Steverlinck possède une très belle voix, plutôt ténor, qui s’accorde à merveille avec celle de Sharon den Adel. Il s’agit ici de la ballade de l’album, le rythme est lancinant, il y a peu d’instruments sur le couplet, l’un des éléments principaux de l’accompagnement étant une boucle de la voix de Jasper Steverlinck. Le couplet est chanté tour à tour par le chanteur puis par Sharon den Adel et le rendu est très sympa ! Sur le refrain on retrouve les deux chanteurs en choeur ainsi que les guitares, pour un refrain plus percutant, dans la continuité de l’album. Je noterai que je reconnais mieux la voix de la chanteuse dans cette chanson puisqu’elle chante dans les aiguës, comme à son habitude dans les premiers albums. Après un petit interlude arrive le second couplet et refrain qu’ils répètent deux fois et le morceau se termine par une outro aux sonorités très mystiques avec un solo de guitare et les voix des chanteurs au loin, qu’on imagine en plein rituel chamanique autour d’un grand feu de bois.

#8 – Mad World

On enchaîne sur un morceau bien plus rythmé et dansant avec une répétition du titre « Mad World » dans le refrain qui devient rapidement facile à retenir et reste en tête. On retrouve ce schéma couplet tranquille, refrain qui décoiffe, pont, accalmie sur un refrain a cappella puis reprise du refrain et une clôture du morceau avec le thème du début. J’imagine bien ce titre en live dans les premiers morceaux de la set-list pour chauffer le public, le faire bouger et chanter avec le groupe. Pas de critiques particulières à faire sur cette chanson que je trouve plutôt cool et efficace.

#9 – Mercy Mirror

J’ai envie de dire que Mercy Mirror est la seconde ballade de cet album, même si elle est plus rock que Firelight, le rythme y est plus lent que sur la plupart des morceaux et le couplet est particulièrement doux sur fond d’arpèges au piano. La mélodie du refrain a un côté triste, déchirant, on a envie de la chanter à tue-tête avec Sharon den Adel (pas sûre de la qualité vocale de ce feat ceci dit…). On y entend également de la guitare acoustique, et ça, c’est un détail important pour reconnaître une ballade ! Il ne s’agit pas pour moi du morceau le plus remarquable de cet album mais il amorce bien la fin de celui-ci.

#10 – Trophy Hunter

Je pense que Within Temptation ont voulu marquer le coup avec ce dernier titre au début bien vénér entre guitares graves, choeurs et wobbles, histoire de rassembler les ingrédients principaux de cet album. L’intro laisse place au couplet qui ne reste pas sage longtemps puisque le chant de Sharon den Adel est ponctué de lourds riffs de guitare. Celle-ci nous gâte ensuite d’un refrain épique dans lequel l’accent est cette fois mis sur la batterie avec quelques coups de double pédale bien placés. On retrouve ensuite le thème de l’intro avec ses choeurs mystiques, un second couplet et refrain, un pont dans la continuité du refrain, puis on reprend le refrain pour finir sur une longue outro avec ses guitares, ses choeurs et ses wobbles.

Conclusion

Ma conclusion après écoute de cet album sera assez évidente : j’ai adoré redécouvrir Within Temptation après tant d’années !

Malgré le doute dû au fait que je n’écoute plus ce style de musique, le groupe a su me surprendre et rapidement remplacer les souvenirs que j’avais de « Mother Earth » pour les remplacer par de nouvelles impressions plus modernes. Les featurings avec les chanteurs de Papa Roach, In Flames et le belge d’Arid ajoutent à ce désir de se renouveler et s’ouvrir à un auditorat plus large. Chacun dans son style, ils apportent de la diversité à la construction très linéaire et semblable des morceaux de Within Temptation et se marient très bien à la voix lyrique de Sharon den Adel.

La seule chose que j’ai envie d’ajouter est : foncez écouter cet album, que vous connaissiez le groupe ou non, que le metal symphonique vous berce ou vous révulse, tout metalleux curieux devrait prêter une oreille à « Resist » !

Discographie

Vidéos du groupe